Lundi 5 Novembre

Notre partenaire DvdCritiques vient de publier le résumé du 3eme round du match qui oppose les camps bleu et rouge... nous vous laissons le découvrir :

Voici donc venu l’heure de notre troisième compte rendu mentionnant l’opposition entre les deux formats HD DVD & Blu-ray. Ce point de vue est positionné juste avant les fêtes de fin d’année afin de suivre les calendriers marketings ambitieux que nous ont présentés les deux clans ces dernières semaines. Il ne s’agit donc pas vraiment d’un verdict mais plutôt de vous indiquer si, à l’aube d’une période propice aux achats, il faut toujours rester en attente ou tenter sa chance sur l’un ou l’autre des deux formats HD DVD ou Blu-ray.

 Analyse et synthèse Bruno Orrù 

Voici maintenant presque un an que nous vous avons présenté notre premier point de vue sur l’opposition de deux clans qui s’affrontent pour leur avenir industriel et financier. Le HD DVD, mené principalement par le couple Toshiba / Microsoft tient sa légitimité officiel du DVD forum, l’institution qui regroupe depuis maintenant quelques années l’ensemble des professionnels concernés par le DVD. Parmi ces membres du DVD forum il y en a quelques uns qui ne voient pas l’avenir avec le HD DVD mais plutôt sous une autre forme à l’aura bleuté. C’est le Blu-ray dont le principal instigateur n’est autre que le trublion habituel Sony. Les raisons de cette opposition sont multiples mais elles s’accrochent principalement à des critères de qualité, de protection du contenu, d’espaces de stockage, de possibilité interactives… la vérité c’est surtout que du coté des constructeurs les enjeux en termes de licences sont gigantesques. Le HD DVD et le Blu-ray ce n’est en effet pas que le marché des lecteurs de salon, c’est aussi l’industrie de l’informatique et quand on sait que tous les ans plus de 200 millions d’ordinateurs sont mis sur le marché avec un lecteur / graveur optique on peut facilement imaginer que les enjeux financiers sont colossaux.

 

C’est bien pour cela que l’un des nœuds important de cette guerre ce sont les alliances. Chaque clan dispose de supporters à la dévotion qui semble indéfectible (l’avenir à court ou moyen terme pourrait bien nous apporter son lot de surprises…) mais d’autres ne souhaitent pas trancher pour l’un ou l’autre des formats. Dans ce dernier cas, utopistes que nous sommes, nous pouvons imaginer que la raison principale est celle de laisser au consommateur final le choix de la plate-forme.

 

Cette dualité concerne tout aussi bien constructeurs qu’éditeurs de contenu. Depuis le lancement de cette opposition, certains évènements sont venus conforter ou troubler la pensée unique de chaque clan. Vous pouvez revenir en détail sur ces évènements en lisant nos deux précédents volets sur le sujet. Rappelons ici les deux évènements principaux de ces derniers mois qui peuvent avoir une influence notable sur le succès de l’un ou l’autre des formats… ou plutôt sur la possibilité que cette double proposition subsiste plus longtemps que prévue.

 

Si le passionné de haute définition doit en théorie acheter deux lecteurs pour être certain de couvrir les exclusivités propres à chacun des deux formats, depuis quelques mois, deux constructeurs proposent des lecteurs hybrides, c'est-à-dire pouvant à la fois ingurgiter des disques HD DVD ou Blu-ray. La première version des lecteurs LG et Samsung (hasard, deux coréens !) n’est pas totalement satisfaisante en termes d’ergonomie et de fonctionnalités. La seconde génération de ces lecteurs à double compatibilité est annoncée pour janvier 2008. Dommage, c’est après les fêtes. Il n’empêche que ce type de lecteur semble être une réponse efficace au problème qui se pose au consommateur car il lui évite de prendre position et de fait, il peut profiter sans aucune contrainte des bienfaits des deux formats.

 

Il est clair que la généralisation de ces lecteurs est un frein important à la détermination d’un gagnant pour le marché de la HD sur supports optiques. Si cela est essentiel pour les principaux promoteurs des deux formats, le client final lui, n’en a cure. Il suffit de regarder légèrement derrière nous pour s’apercevoir que le combat sur les oppositions pour les formats d’enregistrement sur DVD ne sont absolument plus un problème, quasiment tous les graveurs informatiques sont compatibles DVD-R et DVD+R et d’ici quelques mois vous pouvez être certains que les nouveaux consommateurs sur ce marché n’auront jamais entendu parlé d’une opposition de formats en gravure DVD. Espérons par conséquent que les offres coréennes sur ces lecteurs hybrides séduiront les passionnés de vidéo HD, même si l’évidence le prix de ces lecteurs pour les prochains mois sera supérieur aux lecteurs simple format.

 

Coté éditeur l’affaire est plus délicate. Il n’est pas toujours clair si le support d’un éditeur pour un format est lié à une profonde conviction ou si ce support s’insère dans une négociation large… et à durée limitée. Il n’est pas secret par exemple que le support exclusif d’Universal au HD DVD a été négocié pour une durée limitée. De même, l’abandon du support du Blu-ray par Paramount il y a peu est lié à des négociations au plus haut niveau des studios, avec certainement comme élément décisionnel des sommes d’argents non négligeables. Bien sur, les communiqués de presse officiels parlent d’avantages fonctionnels mais quel peuvent être les vrai arguments pour qu’un éditeur choisissent un camp plutôt que l’autre ?

 

En fait, le combat se joue essentiellement sur le support logistique et technique que peuvent fournir les équipes de Microsoft / Toshiba ou de Sony pour l’authoring et la réplication. Si Sony à derrière lui un support envié de la part des éditeurs, le Blu-ray est malheureusement plus complexe à mettre en œuvre, notamment au niveau de la programmation des menus et de l’interactivité. Autre problème, le codec MPEG4 H.264 parfois utilisé du cité du Blu-ray est plus complexe à travailler, nécessitant environ deux fois plus de temps de travail et de compression que le VC-1 de Microsoft utilisé pour le HD DVD. Et ça, ça compte car le temps c’est de l’argent. N’oublions pas non plus que la structure d’un HD DVD se rapproche plus du DVD par rapport au Blu-ray, soulignant que le travail d’authoring et de mastering est plus simple à appréhender du coté HD DVD. C’est là encore un point essentiel pour de petites équipes pour l’emploi rapide d’équipes existantes, toujours à moindre coût par rapport au Blu-ray.

 

Tout cet aspect logistique et technique compte donc beaucoup pour les éditeurs indépendants, mais aussi pour un grand studio, si l’on en croit les explications de Paramount qui précisait bien ce point dans son communiqué de presse qui officialisait le support exclusif au HD DVD. Et c’est vrai qu’en observant le marché européen, on peut noter que plus d’une cinquantaine d’éditeurs indépendants se sont ralliés au HD DVD, souvent de manière exclusive, du fait de ce coût de production moindre et de support logistique et technique plus proche.

 

En France, on peut par ailleurs noter que M6/SNC et TF1 vidéo souhaitent tester le marché de la HD en proposant des titres fort de leur catalogue sur les deux formats… tout en affirmant dès le départ que ces tests seront certainement révélateurs pour eux du degré d’intérêt du consommateur pour un support optique HD et vérifier sur quel format les ventes se totalisent le mieux. Un sport de comparaison que doit parfaitement maîtriser aujourd’hui Warner qui reste le seul studio à souhaiter sortir tous ses titres sur les deux formats. Mais, à observer le rythme des sorties chez Warner il semble bien que les difficultés pour travailler le Blu-ray soient réelles car de nombreux titres ne sont sortis à ce jour qu’en HD DVD, l’éditeur avouant que le pendant Blu-ray ne sera pas disponible avant de nombreux mois du fait des limites et difficultés pour produire une interactivité similaire. Dernier exemple en date, la trilogie Matrix dont chacun des trois films est accompagné d’un commentaire vidéo intéressant… type de bonus impossible à produire sur plate-forme Blu-ray à ce jour !

 

Cet aspect d’interactivité est donc le gros point fort du HD DVD. En effet, les lecteurs Blu-ray ne pourront afficher un respect total du cahier des charges que courant 2008. Hé oui, tous les lecteurs Blu-ray actuels ne sont pas totalement conformes aux spécificités du format. C’est le cas notamment du coté de la puissance des mémoires vidéo (incapacité par exemple de gérer une interactivité Picture In Picture) mais aussi pour la liaison Internet impossible car les lecteurs Blu-ray actuels ne possèdent pas de port Ethernet. Un port Ethernet qui est obligatoire sur les lecteurs HD DVD, permettant par exemple des mises à jour du micro logiciel du lecteur mais aussi d’accéder à certaines options en ligne sur une sélection de titres (Blood Diamond et 300 version US).

 

Coté décodeurs sonores, l’avantage est également du coté du HD DVD puisque le support du Dolby Digital Plus et du Dolby TrueHD est obligatoire alors que facultatif en Blu-ray. De fait, les premières générations de lecteurs Blu-ray ne sont pas compatibles avec les formats Dolby HD. Coté DTS, bien que de nombreux titres HD DVD et Blu-ray disposent de pistes DTS HD Master Audio, aucun lecteur à ce jour n’est capable d’opérer ce type de décodage. Il est impératif d’avoir chez soi un amplificateur de nouvelle génération et que le lecteur dispose d’une connectique HDMI 1.3 permettant de véhiculer le flux sonore en mode binaire.

 

On le voit, l’affaire n’est pas simple et c’est sans doute pourquoi Sony à prévu de multiples séances de présentation de son format dans certains centres commerciaux à l’approche des fêtes. Mais est-ce vraiment suffisant ? Le grand public est-il client pour gagner en qualité d’affichage à ce prix ? En effet une grande majorité de personnes est totalement satisfaite du format DVD, tant sur le potentiel interactif que la qualité image et son. Dans ces conditions, et en revenant sur l’aspect budgétaire déjà énoncé, on peut comprendre encore mieux l’attentisme latent du grand public, voir de certains passionnés de cinéma… mais pas de technologie.

Rappelons également un autre fait parlant, la plupart des gens sont persuadés d’accéder à la HD simplement en achetant un écran plat ! Encore plus fort, les possesseurs d’une PS3 ne savent pas dans leur grande majorité que la console dispose d’un lecteur Blu-ray !

 

Pourtant, c’est bien sur la console que Sony porte de grands espoirs de démocratisation du Blu-ray. Le nombre de lecteurs Blu-ray de salon ou informatiques est en effet peu significatif, il ne représenterait que 2% du parc de lecteurs Blu-ray installé, la PS3 matérialisant les 98% restant.

 

Cette suprématie de la PS3 est régulièrement reprise comme argument par le clan HD DVD pour écouler deux arguments. Le premier est relatif à un certain équilibre sur les ventes de lecteurs HD DVD soit 33% de lecteurs informatiques, 30% de lecteurs XBOX360 et 37% de lecteurs de salon. Un équilibre qui amène alors vers une notion de taux d’attachement entre lecteur et disques. Ainsi, le clan HD DVD répète régulièrement qu’en rapportant la totalité des lecteurs vendus (lecteurs de salon et consoles) pour chaque format au nombre de disques vendus, le taux d’attachement ne serait que de 0,6 pour le Blu-ray et de 8,6 pour le HD DVD. L’argument touche car le clan Blu-ray, sans démentir cette donnée, parle plutôt quantités vendues car si les pourcentages donnent raison au HD DVD, il est vrai qu’en quantité de disques vendus, le Blu-ray prend l’avantage. J’arrête ici la confrontation des chiffres car tout le monde sait bien qu’on peut leur faire dire n’importe quoi à ces chiffres !

 

Que faire alors devant tant d’incertitude ? Difficile de vous dire d’attendre alors que nous sommes déjà nombreux dans l’équipe à profiter de la HD avec un plaisir non dissimulé. Dans le même temps, nous ne pouvons pas vous conseiller un achat sur l’un ou l’autre des deux formats. Au final, la solution la plus sage serait d’attendre le début de l’année 2008 et investir dans un lecteur hybride LG ou Samsung. Mais c’est vrai que l’investissement est alors conséquent. On peut alors se souvenir que les offres de fin d’année proposée par Toshiba permettent d’investir raisonnablement (à partir de 350€) tout en construisant un début de collection avec pas moins de 7 HD DVD offerts. D’un autre coté, le support des studios pour le Blu-ray peut sembler plus attractif, notamment avec les catalogues larges et variés de Disney, de la Fox, de Sony Columbia mais aussi de la Warner.

 

Ce sera malheureusement la conclusion de cette synthèse ; il est presque impossible de choisir pour l’un ou l’autre des formats HD et la sanction pourrait bien être un attentisme pénalisant pour les deux parties. Et ce d’autant plus que la HD est déjà bien présente par le satellite avec une qualité de diffusion qui se renforce et des chaînes qui se multiplient (Canal Plus, CineCinéma, Disney Channel Cinemovie, 13ème rue, National Geographic Channel et les deux généralistes TF1 & M6) et, avec une qualité moindre, dans certains services de VOD. Et là, aucune concurrence stupide de format ne vient polluer le plaisir de passer à la HD !

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