06/10/2016

À l'occasion du renouvellement de sa gamme, Epson dévoilait durant l'été 2016 pas moins de trois nouveaux vidéoprojecteurs Home-cinéma s'appuyant sur la technologie de wobulation 4K. Disponibles depuis maintenant quelques semaines, nous vous proposons aujourd'hui notre test complet du Epson EH-TW7300.

Plus d'un an après avoir marqué les esprits avec le projecteur laser EH-LS10000, Epson remet le couvert avec la volonté de rendre la vidéoprojection 4K HDR plus accessible avec les TW7300, TW8300 et TW9300. Notre tour d'horizon débute par le TW7300, un modèle ambitieux positionné sous la barre des 3000 €.

Configuration de test :

  • Vidéoprojecteur Epson EH-TW7300 (PPI 2599 €)
  • Base d'écran : 2m40 (gain 1.0)
  • Sources : Samsung UBD-K8500, Oppo BDP-103EU, HTPC, Xbox One S
  • Logiciel de calibration : Calman Professionnal 5
  • Sonde X-rite + spectro Colormunki
  • HDFury Integral





Le nouvel EH-TW7300 introduit cette année un certain nombre de de nouveautés et améliorations particulièrement intéressantes en comparaison de son précédesseur le TW7200.

Alors qu'il fallait compter 4000 à 5000 € pour un vidéoprojecteur à wobulation 4K il y a encore quelques mois, Epson amorce un premier vers la démocratisation avec sa nouvelle gamme, notamment avec le TW7300 qui dispose, tout comme les TW8300 et TW9300, des compatibilités 4K et HDR. À cette occasion, le fabricant remplace les matrices LCD C2 Fine par des panneaux MLA D9 (0,74 pouce) et introduit un nouveau chemin de lumière, tandis que la lampe 230W est remplacée par une lampe 250 W dont la durée de vie est estimée à 5000 h en mode économique, et 3500 h en mode normal. La puissance lumineuse est annoncée 2300 lumens contre 2000 lumens pour son prédécesseur, pour un contraste dynamique qui remonte à 160 000:1.

En matière d'installation, le projecteur Epson embarque désormais un lens-shift motorisé avec décalage de l'objectif à ± 96° sur l'axe vertical et ± 47° horizontal, une focale motorisée, un zoom optique 2,1x, une correction de trapèze verticale et 10 mémoires de positions de l'objectif. Le cache-objectif est lui aussi motorisé, une petite attention rare dans cette gamme de prix.

En basculant sur l'arrière, le projecteur propose 2 entrées HDMI, une entrée HDMI 2.0a compatible HDCP 2.2, HDR et 4K/60 Hz, et une entrée HDMI 1.4. L'ensemble est complété par une entrée VGA, une sortie Trigger, un port USB 2.0 (type A), un port Service, une prise RS-232C et Ethernet (100 Base-TX/10 Base-T). La compatibilité avec les dispositifs de contrôle AMX, Control4 et Creston est assurée.

 

 Les accessoires :

 

Le LS10000 est livré avec une télécommande rétroéclairée, la prise en main est confortable, et l'on trouve l'essentiel des boutons nécessaires au pilotage du projecteur afin d'accéder aux menus et réglages (mode couleur, mémoires d'objectif, post-processing, etc.). La fonction HDMI-Link se montre également extrêmement pratique pour piloter un lecteur Blu-ray ou Ultra HD Blu-ray, l'éventail de fonctionnalités (avance/retour rapide ou pas à pas) se révèle d'ailleurs plus complet que la télécommande de notre platine Samsung UBD-K8500. Les lunettes 3D RF ELPGS03 sont uniquement disponibles en option.

 

 Menus et réglages :

 

Les menus du LS10000 offrent tout le nécessaire en matière de réglages et d'outils de calibration. En marge des réglages habituels (luminosité, contraste, nuance, tonalité de peau, etc.), nous retrouvons 5 modes images 2D, les classiques Dynamique, Naturel, Cinéma, et deux nouveaux modes Cinéma numérique et Cinéma éclatant. Pas de changement en 3D avec les modes Dynamique 3D et Cinéma 3D.

Plusieurs réglages prédéfinis de température des couleurs sont proposés, la courbe peut toutefois être éditée manuellement, même chose pour le gamma et la colorimétrie avec un CMS ajustable sur six axes (RGBCMY). Voici un aperçu des menus du EH-TW7300 d'Epson.

    

    

 

 
 

Intéressons-nous maintenant de plus près aux performances du nouveau-né d'Epson.

Si la démocratisation de l'Ultra HD est désormais en marche depuis deux-trois ans maintenant avec l'apparition des premiers téléviseurs dits « abordables », le caractère plus restreint du marché de la vidéoprojection va au contraire nécessiter une bonne poignée d'années avant de voir arriver les premiers « vrais » projecteurs 4K à moins de 3000 €. Une problématique bien comprise par Epson qui fait le choix de s'appuyer sur l'alternative wobulation. Le TW7300 et ses deux grands frères intègrent toujours des matrices LCD 1080p, c'est un fait, il n'est pourtant plus un secret pour personne que la wobulation 4K est aujourd'hui l'une des seules manières de goûter aux joies de la vidéoprojection 4K (ou faux-4K) sans sacrifier un PEL.

Le gain n'en reste pas moins indéniable, là ou un projecteur 1080p délivre 2 millions de pixels, le pixel shift permet de générer 4 millions de pixels. C'est toujours deux fois moins que le 4K natif et ses 8 millions de pixels, mais le compromis n'en reste pas moins intéressant, notamment en raison de la très belle qualité de l'optique du TW7300, qui permet de profiter d'une image très définie sur Blu-ray et autres contenus HD. Le piqué d'image est excellent, la profondeur d'image appuyée, sur les pressages de qualité, le rendu s'avère particulièrement convaincant.

Un constat renforcé en considérant les différents modes de post-processing, avec d'un côté l'habituel filtre Netteté réglable sur deux axes qui va venir renforcer le piqué, classique, mais toujours appréciable en fonction des cas, tandis que les filtres Amélioration des détails et Super Resolution vont davantage jouer sur la luminance pour renforcer le niveau de détails. À ce titre, Epson introduit en complément plusieurs modes prédéfinis proposant plusieurs combinaisons de réglages. Les modes 1 et 2 ont réel attrait, en revanche nous vous déconseillons d'aller au-delà sous peine de constater une dégradation progressive de l'image.

 

 Qualité d'image HDR :

 

Sur Ultra HD Blu-ray, le TW7300 délivre une qualité d'image particulièrement intéressante. Aucune comparaison avec un HW320ES ou HW520ES, voire même les DLA-X7000 et X9000 chez JVC qui conserve pour leur part un contraste intra-image plus puissant, néanmoins en l'absence de véritable concurrence dans sa gamme de prix, force est de reconnaître que le projecteur Epson s'en sort avec les honneurs que l'on opte aussi bien pour le mode Cinéma Lumineux que Naturel en mode lampe médium ou haut.

Une image HDR projetée ne possède évidemment pas le même attrait qu'un téléviseur traditionnel, mais le rapport à l'image en vidéoprojection reste très différent. Une image HDR sur plus de 2m de base ne s'appréhende pas de la même manière. Le détachement des zones les plus claires de l'image est assez net, à l'instar de certaines scènes de The Revenant avec le soleil en arrière-plan, les couleurs sont plus vibrantes et l'impact visuel entre SDR et HDR convaincant.

Le seul détail qui nous chagrine provient de la sélection du mode HDR 2 (1 à 1000 nits) lorsque le projecteur est réglé en Automatique. En regardant de plus près les résultats sur Calman en réalisant quelques mesures à partir du workflow HDR10, seul le mode HDR 1 (1-500 nits) se rapproche de la norme de gamma EOTF. Les modes HDR 3/4 sont quant à eux inutiles pour l'heure, aucun master UHD Blu-ray n'étant étalonné pour l'heure à 4000 et 10 000 nits. Epson propose également de forcer le SDR, nous conviendrons toutefois que l'intérêt ici est nul.

 

 Qualité d'image 3D :

 

Autant il est indéniable que les projecteurs DLP conserve l'avantage en matière de puissance lumineuse, une caractéristique particulièrement importante en 3D, autant les projecteurs à matrices Tri-LCD ont cette capacité à délivrer une image plus naturelle avec un rapport contraste/luminosité plus équilibré. C'est le cas pour le TW7300 qui délivre une image 3D naturelle, fluide et très précise, et si le crosstalk est discernable sur certaines scènes en mouvement, le phénomène reste assez contenu. Notez que le mécanisme de wobulation 4k est automatiquement désactivé sur les contenus 3D.

 

 Contraste et uniformité :

 

En retravaillant son iris dynamique et son moteur lumière, Epson offre certes une amélioration en comparaison du TW7200, néanmoins elle reste substantielle. L'uniformité est en hausse, le phénomène de blooming autour des objets blancs sur fonds noirs se fait ainsi beaucoup plus discret, et la lisibilité dans les scènes sombres est excellente. Le compromis entre puissance lumineuse et profondeur des noirs est intéressant, néanmoins le contraste natif reste encore un cran en-dessous du DLA-X5000.

 

 Fluidité :

 

Le mécanisme d'interpolation d'image proposé par Epson se montre efficace sur certains types de contenus HD (inactif en 4k), en particulier le sport. Cependant nous vous déconseillons son activation sur les films, l'effet caméscope généré est particulièrement désagréable. On note également un léger judder sur Blu-ray UHD, rien de rédhibitoire, mais le phénomène peut-être perçu sur certains travellings.

 

 Input lag :

 

Alors que la précédente génération stagnait à un convenable 65 ms, le TW7300 passe un nouveau cap avec un input lag relevé à 29,5 ms en mode Cinéma/ Cinéma Lumineux et 28,4ms en mode Dynamique, soit un retard de 2 images par seconde pour les jeux 60 fps et 1 image par seconde pour les jeux consoles 30 fps. Un chiffre plus que convenable pour un projecteur Home-cinéma. Les Sony VPL-HW65ES et VPL-HW45ES tiennent encore la corde avec une moyenne de 22 ms, pour autant, en faisant une rapide comparaison avec d'autres projecteurs à wobulation 4K, le TW7300 s'impose comme le plus performant de sa catégorie. Les amateurs de jeux en ligne ou solo apprécieront. Il est d'ailleurs à noter que ces valeurs restent identiques en mode Fine ou Rapide.

Comme souvent chez Epson, les meilleurs résultats sont obtenus à partir du mode Naturel pour une calibration Rec.709.

Les résultats en sortie de carton nécessitent toutefois quelques ajustements, en particulier la température des couleurs qui dépasse légèrement les 7000K, le DeltaE à 3,1 de moyenne, tandis que le gamma est fixée à 2,18 par défaut. Rien d'insurmontable toutefois. Pour ce banc d'essai, nous avons calibré le projecteur avec une luminosité de 15 ftL (environ 50 cd/m²) en mode lampe Eco avec un gamma de 2,44 de moyenne. La température de couleur atteint 6502K après quelques ajustements, et la colorimétrie est parfaitement alignée sur 100 % de saturations à l'exception du bleu.


Relevé Pré-calibration


 Relevé Post-calibration


Post-calibration Rec.709

Le mode Cinéma offre également de bons résultats en sortie de carton, néanmoins, ce dernier bascule automatiquement en gamut étendu quel que soit le mode couleur sélectionné (Auto, BT709 ou BT.2020 SDR/HDR). Il reste bien entendu possible d'abaisser les saturations (pas loin de 0 pour certaines...), néanmoins les résultats obtenus demeurent perfectibles. Pour les contenus 4K HDR, les modes Bright Cinema et Naturel reste plus conseillés.

La puissance lumineuse doit également être prise en considération, si le mode Naturel devrait largement convenir pour un salon ou les grandes bases avec 1520 lumens en mode lampe médium, une valeur d'ailleurs plus ou moins équivalente au mode Cinéma Lumineux (1140 lumens), pour les amateurs de vidéoprojection en salle dédiée le passage en lampe Eco avec Iris reste plus conseillé. Les modes Cinema et Cinéma Numérique produisent pour leur part entre 560 lumens et 890 lumens. Plus adapté aux applications qui nécessitent une forte puissance lumineuse (TV, sport...), le mode Dynamique culmine à 1940 lumens en mode lampe médium, et 2570 lumens en mode lampe haut. Avec iris auto actif, il faut compter une perte de luminosité comprise entre 300 et 350 lumens en moyenne.

Enfin, il reste particulièrement intéressant de constater qu'en matière de colorimétrie, le TW7300 est très loin d'offrir des performances au rabais. Le projecteur atteint 95% du gamut DCI-P3 (xy), autrement dit une valeur équivalente à ce que l'on trouve aujourd'hui sur certains téléviseurs, et 71,4% du gamut Rec.2020. Pour les contenus 4K et HDR, nous avons opté pour une calibration HDR Rec.2020 à 50 % de saturations selon les préconisations actuelles.

  
Couverture gamut DCI-P3 (gauche) et BT2020 (droite)

Alors que le marché de la vidéoprojection Home-cinéma avait tendance à stagner ces dernières années, à l'exception de certaines références innaccessibles pour un certain nombre, Epson fait bouger les lignes avec sa nouvelle gamme et impose un nouveau standard que la concurrence va devoir très sérieusement considérer. Le coût des production des matrices 4K natives restant particulièrement élevé, Epson démontre aujourd'hui avec l'EH-TW7300 que la wobulation 4K n'est plus un luxe seulement réservé aux modèles les plus huppés.

Le constat est d'autant plus vrai lorsque l'on considère les prestations délivrées par le TW7300. La nouvelle optique permet de profiter d'une image de qualité, aussi bien sur Blu-ray que Blu-ray Ultra HD HDR, et l'apport des différents modes de post-processing intéressant pour peu que l'on garde la main légère.

L'iris dynamique combiné au nouveau moteur lumière s'avère également plus performant en matière de contraste, l'évolution vis-à-vis de la gamme précédente reste contenue, mais l'amélioration n'en reste pas moins notable avec une meilleure lisibilité dans les scènes sombres. La colorimétrie est globalement excellente, malgré les quelques petits bémols mentionnées et certaines teintes qui manquent parfois de naturel, nous sommes loin de performances au rabais en mode gamut étendu. 

Sans oublier l'introduction de la motorisation sur le lens-shift, la focale et les mémoires d'objectif qui lui confère un niveau d'équipement assez rare dans cette gamme de prix.

 
LA NOTE FINALE
 
5/5

NOTRE VERDICT

En rendant plus accessible la vidéoprojection 4K HDR à domicile, Epson frappe fort, très fort en cette fin d'année 2016 et impose un nouveau standard. Avec l'EH-TW7300, le fabricant japonais nous livre un projecteur Home-cinéma à wobulation 4K remarquable. Non content d'offrir une image de qualité, le niveau d'équipement offert n'a rien à envier aux modèles les plus huppés. Une nouvelle référence, tout simplement. Bravo Epson !


CE QUE L'ON AIME
 Très belle qualité d'image HD et 4K HDR
 Superbe colorimétrie
 Puissance lumineuse et contraste
 Bel input lag
 Excelent niveau d'équipements : lens-shift motorisé, mémoires d'objectif...
CE QUE L'ON REGRETTE
 Interpolation d'image perfectible
 Impossibilité de forcer le Rec.709 en mode Cinema
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