Compte rendu de Bruno Orrù

Alors que l’on croyait la confrontation HD DVD et Blu-ray s’endormir, l’annonce à quelques jours du salon IFA que Paramount laissait de coté le Blu-ray au profit du HD DVD a relancé la donne. Les deux clans sont beaucoup plus équilibrés au niveau des éditeurs, sachant que l’offre des lecteurs restent à l’avantage du HD DVD au niveau prix. L’IFA 2007 aura été le lieu d’introduction sur la marché d’une troisième alternative HD avec la société NME qui propose une solution HD VMD qui a le gros défaut de ne pas (encore ?) rassembler les poids lourds de l’édition vidéo.

 

 

IFA 2006, un prélude décevant

L’édition 2006 du salon berlinois IFA avait été l’occasion pour les instigateurs du HD DVD et du Blu-ray de brasser beaucoup d’air pour, au final, pas mal de désillusions des deux cotés, notamment dans le respect des plannings et sur une certaine pauvreté de l’offre, tant du coté du contenu que des lecteurs, sans parler des amplificateurs home-cinéma totalement absent du marché et ne faisant leurs premières apparitions que pour cette édition 2007 !

IFA 2007, le choc Paramount

L’édition 2007 est donc la première occasion officielle d’envergure de faire un point sur cette bataille qui, comme nous l’avions prévue avec un certain bon sens, n’apporte aucun avantage pour le consommateur final et brouille toutes les pistes matérielles et marketing. Tout au plus, cette confrontation accélère les baisses de prix, maigre consolation dont il n’est pas certain que cela soit suffisant pour lancer une marché de la HD, souvent bien loin des préoccupations des grandes masses d’amateurs de home-cinéma.

Depuis quelques mois les premiers lecteurs des deux clans HD DVD et Blu-ray sont disponibles avec un catalogue de titres encore timide, tant dans son choix général que dans le rythme des sorties. Il faut bien avouer que les ventes ne sont pas extraordinaires face au DVD et du coté des services de presse que nous côtoyons tous les jours, les préoccupations sur ce types de disques sont discrètes, voir inexistantes !

L’IFA 2007 aura été le théâtre de deux grandes conférences dans une ambiance un peu particulière avec l’annonce de Paramount, quelques jours avant le salon, de ne plus prévoir de sorties de titres en Blu-ray au profit du HD DVD.

Une annonce d’autant plus douloureuse pour le clan Blu-ray que la justification donnée par le président du studio pointe le gros point faible du Blu-ray, à savoir une technologie trop chère. Trop chère à tous niveaux et c’est bien là le problème : que le prix des lecteurs soit sensiblement plus élevé que le HD DVD passe encore mais c’est du coté de la production et de la fabrication de l’interactivité que ça coince réellement, notamment par l’impossibilité coté Blu-ray, après près de deux ans sur le marché, de réaliser une interactivité du même niveau qu’en HD DVD et que ce type de développement demande beaucoup plus de technicité – donc un coût de développement sensiblement plus élevé. Rappelons également que le choix de ne pas utiliser coté Blu-ray le format de compression VC-1 (Microsoft) au profit du MPEG4 n’est pas toujours bien vécu par les éditeurs, en particulier les plus modestes. En effet, le temps de travail sur une compression MPEG4 est sensiblement plus important, ajoutant là encore un coût de développement plus lourd. Ce qui n’avant pas échappé à de nombreux éditeurs indépendants ce révèle également un argument important pour un grand studio comme Paramount, sachant que du coté de chez Warner, le dernier éditeur à supporter les deux formats, les commentaires sur les difficultés d’obtenir une interactivité satisfaisante en Blu-ray sont de plus en plus fréquents, l’éditeur décidant de plus en plus de proposer ses films en HD DVD avec une interactivité poussée et en Blu-ray avec peu ou pas d’interactivité ! Autant dire de suite que si Warner prenant le même type de décision que Paramount, le coup serait très dure pour le clan Blu-ray.

Paramount a également rajouté d’autres arguments plus politiques dans sa décision, notamment en rappelant que le HD DVD est promu par le DVD forum qui à déjà fait ses preuves en matière de gestion d’un format à tous niveaux de la chaîne de production et de distribution.

L’aspect distribution est encore un point qui fait mal au clan Blu-ray. Il faut en effet savoir que le mode de distribution est différent aux Etats-Unis et que certaines grandes chaînes de magasins ont tout simplement décidé de donner une exclusivité de distribution au Blu-ray. Gros problème, en écartant le HD DVD dans ses linéaires, ces distributeurs seront certainement coincés quand Paramount / Dreaworks viendront leur dire que si le HD DVD de Sherk 3 et de Transformers ne leur seront pas livrés si les versions HD DVD ne sont pas également vendus. Une situation totalement impensable en France mais qui est réelle sur le territoire américain ! On comprend d’autant plus l’importance de la décision de Paramount / Dreamworks qui va bien au-delà d’un simple ralliement politique à un clan ou à un autre.

Quoi de neuf pour 2007 / 2008 ?

Nous avons religieusement écouté la bonne parole des deux clans lors des deux conférences de presse mais également en discutant, de manière privilégiée avec David Walstra, l’un des porte parole officiel de l’association Blu-ray et par ailleurs directeur exécutif chez Sony Pictures.

Une discussion qui n’apporte aucune exclusivité particulière, surtout parsemée de propos rassurants sur la destinée du Blu-ray. Pour autant, il est difficile de cacher que les lecteurs de salon Blu-ray étant onéreux, c’est du coté de la console Playstation 3 que les espoirs se concentrent coté Sony pour consolider une base de lecteurs importante. Hélas pour le constructeur nippon, le prix élevé de la console face à ses concurrentes directes font que les prévisions de vente ne sont pas franchement au rendez-vous. Sony qui a concentrer ses arguments sur le coté technologique de sa console (et c’est vrai que c’est une machine très intéressante) s’oppose à un prix sensiblement plus léger et au plaisir de jouer novateur d’une Wii (250€ contre 600€ quand même !) et la meilleure portabilité de la NDS face à sa PSP.

 

Coté Toshiba, les discussions que j’ai pu avoir étaient franchement plus gaies, même si, comme depuis le début de cette aventure, les responsables de la marque se gardent bien de tout triomphalisme gratuit. La nouvelle génération de lecteurs HD DVD Toshiba, de prix encore plus abordable, se voit complétée timidement par des lecteurs d’autres marques comme ce HD-DV 805 de Onkyo qui se place dans une gamme plutôt haute avec un prix vraisemblablement dans les 1.000€. 2008 verra certainement une offre chinoise qui placera les prix des lecteurs encore plus bas, même si la qualité générale ne sera pas la même. Enfin, sachez qu’officiellement il n’est pas prévu à court terme que la XBOX360 soit équipée d’un lecteur HD DVD. Reste qu’officieusement on parle d’une possibilité courant 2008 d’une XBOX360 HD DVD, une offre possible de par une baisse de prix des drives Toshiba. Toujours est-il que l’offre de programmes HD DVD reste trop timide et qu’il faut espérer que les prévisions de sorties qui nous ont été promises soit réelle et que le consommateur puisse croire que l’achat d’un lecteur HD DVD puisse être complété par une offre de contenu satisfaisante, c’est clairement le challenge du clan HD DVD pour 2008.

 

HD VMD, aucun argument de poids

Si la proposition de la société NME avec son format HD bâti sur une structure DVD multicouche « tient la route », le manque de support important du coté des éditeurs reste un handicap majeur. Ce n’est malheureusement pas sur le stand HD VMD que l’on pouvait trouver de nouvelles raisons de croire que ce format peut inquiéter les deux clans HD DVD et Blu-ray. D’ailleurs officiellement, ceux-ci ne s’intéressent même pas à cette troisième alternative.

 

Le cas des lecteurs hybrides LG et Samsung

Dans une bataille rangée, il y a toujours des trublions qui se démarquent. Ce sont les deux constructeurs coréens Samsung et LG qui jouent ici ce rôle en refusant de choisir entre HD DVD et Blu-ray et par conséquent en proposant les lecteurs hybrides. Cette offre peut avoir un effet pervers pour qu’un seul format reste dans les bacs dans la mesure ou les consommateurs n’ont pas à choisir. Ces lecteurs restent chers puisque leur prix équivaut à peu près l’achat de deux lecteurs séparés mais, d’évidence, ils permettent plus de facilité dans le maniement.

 

Conclusion

Les deux conférences Blu-ray et HD DVD n’auront absolument pas permises de déceler une quelconque avancée dans la bataille. Il est par contre clair que les forces s’organisent des deux cotés, notamment par des opérations promotionnelles, et que les résultats de vente des fêtes de fin d’année seront importants. Nous ne pouvons toujours pas vous conseiller un achat d’un coté plutôt que de l’autre, c’est d’autant plus rageant que les deux formats offrent une qualité d’image et de son incomparable.

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