Spécifications constructeur :
Vidéo-projecteur Mono-DLP
Résolution : 1920 x 1080
DMD : 24,1 mm / 0,9 pouces
Luminosité : 1000 lumens ANSI
Contraste : 10 000:1 (iris auto activé)
Résolution couleur : 62,2 millions (1 920 x 1 080 x 3 x 10 bits)
HDMI : 2
PC analogique : 1
YCbCr : 1
Composite : 1
S-Vidéo : 1
RS232 : 1
Ampoule : 300 W UHP (Philips)
Durée de vie : 2000h (mode éco)
Zoom : manuel
Plage de projection : 1,5 m ~ 14 m
Lens shift : vertical manuel
Bruit : Théâtre : 24dB, Luminosité : 30dB
Consommation électrique : 410 W
Télécommande retro-éclairée
Dimensions : 431,3 mm(l)x468,5 mm(P)x198,8 mm(H)
Prix indicatif : 4990€ TTC
(annonce d'une baisse conséquente de prix prévue prochainement selon nos dernières informations)
Introduction
Depuis 2003, Samsung s'est associé avec Joseph Kane grand guru bien connu de la vidéo outre-Atlantique et directeur de JKP (Joe Kane Productions), dans le but de réaliser des projecteurs "vitrine technologique".
Par ordre chronologique, sont sortis les modèles suivants :
SP-H700 (2003)
SP-H800 (2004)
SP-H500 (2004)
SP-H710 (2005)
C'est à l'occasion du salon américain du CEDIA 2007 que Joseph Kane, plus connu sous le nom de Joe Kane, a montré pour la première fois au grand public sa dernière réalisation : un projecteur Full-HD mono-DLP, fruit de longues années d'expérience. Joe Kane est connu en Europe surtout pour sa réalisation du DVD de test Digital Video Essential NTSC (produit par Criterion). Sortira par la suite une version PAL (traduite par Julien Berry), puis des versions HD-DVD et Blu-Ray qui font aujourd'hui référence en matière de calibration vidéo dans le monde entier.
Alors que les nouvelles générations de projecteur font la course aux chiffres marketing, le projecteur Samsung SP-A800B se distingue de la concurrence par sa capacité à reproduire fidèlement l'image telle qu'elle a été voulue par le réalisateur. Que ce soit aux USA qu'en Europe, la grande majorité des studios de post-production réalisent l'étalonnage des masters des films et séries en DVD et Blu-Ray sur moniteur Sony BVM, le tout en respectant des normes vidéo qui régissent la chaîne de transferts depuis la prise de vue (vidéo ou pellicule) jusqu'au support final. Il va de soit que pour que la chaîne vidéo soit parfaite, chacun des maillons doit pouvoir respecter ces normes à la lettre afin de pouvoir faire profiter au spectateur final de l'image la plus proche possible du souhait artistique du réalisateur (et non des goûts personnels de réglage d'image du spectateur ou d'un fabricant de diffuseur). Imaginez au cinéma qu'un spectateur trouvant l'image trop fade puisse, à l'aide d'une télécommande saturer les couleurs... l'image deviendrait peut-être meilleure à ses yeux sur une scène précise mais briserait totalement la chaîne vidéo dont une multitude d'intervenants s'est acharnée à garantir une continuité artistique.
Malheureusement, à cause d'effets croissant de modes marketing, le bout de la chaîne, c'est à dire le lecteur et le diffuseur sont bien souvent incapable de reproduire les normes vidéo.
Tel fabricant proposera tel artifice permettant soi-disant d'améliorer les couleurs tandis qu'un autre proposera d'améliorer l'image grâce à un procédé unique dont ils ont le secret...
Bref, le consommateur fait aujourd'hui les frais de toute cette pagaille marketing à but purement commercial. En dépit des avancées technologiques, les diffuseurs ne sont pas pour autant meilleur car pour la plupart, ils ne sont pas capables de restituer la norme. De surcroît, le consommateur qui pense acheter une meilleure image se retrouve la plupart du temps avec un diffuseur qui ne le satisfait pas malgré le tarif souvent exorbitant qu'il a déboursé.
Quelques marques néanmoins réalisent certains produits en tenant compte des normes sans pour autant que le tarif en soit démesuré. C'est le cas de ce nouveau projecteur de Joe Kane, le Samsung SP-A800B.
Lieu du test
Étant donné que l'ultime référence en matière d'image est le moniteur CRT BVM de Sony, c'est tout naturellement que je me suis tourné vers un studio de post-production disposant à la fois d'un moniteur BVM, mais aussi d'un projecteur Samsung comme image de référence en projection. Détail amusant, le studio était auparavant équipé d'un projecteur Sony Qualia 004 et il a été remplacé il y a quelques mois par un Samsung, environ 6 fois inférieur en terme de prix. Le responsable de la salle d'étalonnage m'a expliqué que malgré sa puissance lumineuse, le Qualia, ne collait pas à la norme et il ne pouvait donc pas être utilisé à des fins de monitoring. Autre anecdote intéressante, la semaine passée, le moniteur de référence BVM est tombé en panne et il y en a eu pour plusieurs jour de maintenance. N'ayant pas eu le choix, le coloriste a fait tout son travail d'étalonnage sur le Samsung devant les réalisateurs et tout le monde a trouvé l'image très bien.
Environnement
La salle d'étalonnage est constituée d'une partie arrière constituée d'une table de travail motorisée supportant 3 moniteurs LCD et le moniteur de référence HD Sony BVM.
Le moniteur BVM est calibré (on dit "calé" dans le monde professionnel) très régulièrement à l'aide d'une sonde à ventouse tri-stimulus dédiée Sony. Étant donné que les couleurs des écrans cathodiques sont régis par des phosphores (dans le cas présent EBU), il n'est pas utile et d'ailleurs impossible de calibrer les couleurs primaires comme on est obligé de le faire sur un projecteur digital (autre que laser). Le BVM du studio ayant des phosphores EBU, l'espace CIE qui en résulte est lui aussi EBU.
Il faut savoir qu'en Europe, pratiquement tous les moniteurs de référence sont en gamut EBU contrairement aux USA où ils sont en gamut SMPTE-C. Il en résulte qu'aujourd'hui la plupart des disques Blu-Ray, pourtant sensés être en gamut HD REC-709 (équivalent au gamut RGB), sont en gamut SMPTE-C (tous les films américain en fait).
Vous trouverez ci-dessous, une liste de films avec l'indication du gamut à utiliser.
http://www.wysios.com/jkp/gamut1.asp
Nous reviendrons sur le gamut du Samsung un peu plus tard. Revenons à la salle d'étalonnage proprement dite.
Sur la table où se trouvent les moniteurs on trouve tout un tas d'appareil de mesures et des interfaces permettant d'interagir avec les logiciels de montage et d'étalonnage. Ici le logiciel d'étalonnage utilisé s'appelle "Color" et il interagit avec d'autres logiciels comme "Final Cut Pro" utilisé pour le montage.
Le premier moniteur affiche les mesures analogiques, le deuxième moniteur affiche un spectroscope 3D ("3D scope color space") - très utile pour visualiser facilement et isoler des dérives colorimétriques - et sur le troisième moniteur LCD on trouve les interfaces logicielles. Sur la droite se trouve le moniteur BVM de référence. Enfin, dans la deuxième partie de la salle, un écran de projection 2.35:1 de 4m50 de base trône au fond de la salle, sur lequel est projetée l'image du Samsung sur une base d'environ 2m50 seulement afin d'être au maximum "raccord" avec le moniteur de référence BVM.
La deuxième partie de la salle est en fait une petite salle de home cinéma avec un kit d'enceintes 5.1 composé de 5 monitors de studio MKII ainsi que d'un caisson de grave Yamaha.
La salle est totalement peinte en noir mat et la moquette est d'une teinte sombre.
Au plafond, on trouve le gros projecteur Sony Qualia 004 et derrière, le "petit" Samsung. Le Qualia est tellement énorme (un gros tritube) que le Samsung parait petit en comparaison.
Matériel de mesure
Sonomètre,
Sonde Minolta CS-200 (chromamètre),
Luxmètre Minolta T-10,
Colorfacts Professional 6.0 (Datacolor)
Matériel de lecture
Platine Blu-Ray Sony PS3
Platine multimédia HDX-X900 + disque dur
Supports de test et mires
Blu-Ray Digital Video Essentials européen (réalisé par Joe Kane).
DVD Pal Digital Video Essentials (réalisé par le formateur ISF français Julien Berry)
DVD de mires HD Mag (mire réalisées par moi-même pour HD-Mag)
Générateur de mires Sencore VP 401-SH
Moniteur de référence
Sony BVM-D24
Ecran de projection
Toile sans gain de 4m50 de base en 2.35:1. Image projetée du Samsung : 2m60 à 2m80 suivant les besoins.
Design
La carrosserie du Samsung est d'un noir brillant du plus bel effet. Les lignes sont aérodynamiques et rappellent l'ancien navire amiral d'Infocus : le 777.
La finition est très soignée.
Lens Shift
Le Samsung dispose d'un très grand lens-shift vertical (environ 80%) mais ne dispose pas de lens-shift horizontal. C'est un des compromis indispensable pour avoir une vraie définition Full HD et une bonne uniformité comme c'est le cas ici. C’est donc un choix délibéré de la part du constructeur (et en particulier de la part de Joe Kane) ; l'idéal absolu serait bien entendu d'avoir des optiques interchangeables comme le proposent certains projecteurs haut de gamme, mais cela aurait augmenté considérablement le tarif.
Bruit
Le bruit du projecteur a été mesuré à 25dB en mode « theater » à 1m (en partant de l'avant du projecteur). L'extraction d'air est répartie sur les flancs de l'appareil.
Focus, netteté et zoom
L'optique est exempte de toute aberration chromatique. Au niveau des mesures, le Samsung est quasiment parfait sur tous les tableaux. Mes mires de moirage et de définition Full HD du DVD HD Mag sont passées comme une lettre à la poste pour peu que l’ « overscan » soit bien désactivé.
Il a fallu néanmoins retoucher le focus légèrement afin d'obtenir une image nette sur toute la surface de l'écran. Le centre de l'image comme les 4 angles sont d'un piqué extrême et les convergences sont parfaites partout ce qui est rare sur un projecteur Full HD. Il aurait été agréable par contre d'avoir un focus et un zoom électrique car il n'est pas très pratique de faire les réglages de netteté à 2. Néanmoins, heureusement l'époque des tritubes est révolue et le réglage du focus ne se fait qu'une fois pour toute. Attention néanmoins à bien faire chauffer l'appareil. Bien que les revendeurs et les fabricants recommandent une chauffe de 20 minutes, il est conseillé de pousser la chauffe à 3 heures pour être tranquille et pour un résultat optimum sur la durée.
L'amplitude du zoom va de 1,5 m à 15 m. Un tableau récapitulatif des tailles d'écran et distances de projection est disponible ici :
http://www.wysios.com/jkp/brochure.htm
Gamut et primaires
Les mesures ont été réalisées avec la sonde CS200 et la dernière version du logiciel ColorFacts Pro.
Après une série de mire de couleurs et de gris, le résultat concernant les 3 gamuts vidéo est sans appel : c'est tellement parfait que l'on atteint les limites de l'affichage du diagramme CIE de Colorfact. Les 3 triangles de gamuts (en blanc) recouvrent parfaitement les gamuts de référence (en noir). Les primaires et ainsi que les secondaires sont parfaitement calés sur la norme. Le résultat obtenu est encore meilleur que le banc d'essais publié par nos éminents confrères de la prestigieuse Revue du Son et du Home Cinéma réalisé par Alex Tinquant et Philippe Viboud.
Il faut dire que ce modèle Samsung est calibré régulièrement par Julien Berry, calibreur vidéo et formateur ISF dont la renommée dans le domaine de la calibration est reconnu dans le monde professionnel au niveau national. La fonction de swith de gamut quant-à elle est fort pratique car elle permet de choisir le bon gamut en fonction de l'origine du film (voir explications sur les différents phosphores plus haut). Par ailleurs, Joe Kane a pu travailler directement avec les équipes de Texas Instruments afin d'implémenter le même système d'ajustement de couleurs utilisé dans les projecteurs DLP de cinéma (CCA - Comprehensive Color Adjustment), ce qui permet d'obtenir une colorimétrie quasi-parfaite.
Dématriçage couleur YCbCr
A l'aide de la PS3 configurée en YCbCr et du fameux Blu-Ray de mire de Joe Kane Digital Vidéo Essentials, j'ai pu constater l'efficacité des fonctions Blue-Only, Red-Only et Green-Only du Samsung SP-A800B (fonction que l'on trouve malheureusement que très rarement sur des projecteurs grand public). En effet, en comparant la fonction Blue-Only qui consiste à couper une des primaires du projecteur pour tester le bon dématriçage couleur, et l'utilisation des filtres de couleur Digital Vidéo Essentials, j'ai remarqué des différences notable surtout sur le rouge et le bleu. J'avais déjà entendu dire que l'utilisation des filtres de couleurs sur un projecteur numérique était discutable ; j'ai pu en avoir confirmation.
Les deux formules de dématriçage Y:
Rec. ITU-R BT.601-5
Rec. ITU-R BT.709-4
Gamma
C'est la question qui fâche. Bien que la plupart des documentations techniques et des revues de home cinéma conseillent de régler le gamma à 2.2, la vérité est que le gamma utilisé en studio sur les moniteurs de référence est entre 2.45 et 2.5. Pour cette raison Joe Kane, qui connaît bien la question et qui est lui-même à l'origine d'un certain nombre d'avancées techniques en terme de normes vidéo et en particulier au près de la SMPTE, a implémenté dans le Samsung un réglage de gamma à 2.5. Il en résulte que l'image du Samsung est bien "raccord" avec l'image de référence du moniteur BVM et j'ai pu le constater de mes yeux par comparaison directe. Je me suis d'ailleurs rendu compte que la plupart des images de références que j'avais en tête étaient complètement faussées par l'utilisation d'un gamma incorrect. Personnellement j'ai toujours trouvé qu'en calibrant à 2.2 l'image était trop fade et j'ai souvent poussé le gamma des projecteurs digitaux dans le but de me rapprocher de l'image de mes vieux tritubes sans penser que le problème venait de là. Il faut néanmoins que le projecteur soit capable de restituer un bon contraste intra-image sans quoi, l'utilisation d'un gamma à 2.5 peut entraîner des noirs bouchés. Pour vérifier cela, rien de tel qu'une bonne vielle mire de « pluge » (comme celles que l'on peut trouver dans les disques DVE), ce dont se passe aisément le projecteur Samsung. Beaucoup de gens font aussi ressortir des détails dans les noirs qui ne sont pas censés être vus au cinéma et qui ne le sont pas sur un moniteur de référence. L'environnement doit également être totalement noir sans quoi, les détails dans les noirs ne sont pas aussi bons.
Les mesures du modèle testé ont d'ailleurs donné un peu plus que la valeur idéale : 2.58 pour être exact.
Point blanc et niveaux de gris
L'uniformité des niveaux de gris est parfaite et très linéaire en particulier grâce à une très bonne restitution du gamma à 2.5. Le fait de switcher le gamma à 2.2 met facilement en évidence une détérioration de cette linéarité.
Le point blanc D65 a été mesuré à 6504k, ce qui est la position idéale.
Le Samsung a également une option de positionnement de point blanc à D55, très utile pour visionner les classiques de cinéma noir et blanc comme l'édition collector CRITERION Blu-Ray très attendue du film CASABLANCA qui sortira d'ici peu dont le master a été réalisé à partir d’un scan 4K.
Contraste
Bien que le contraste natif ne soit pas au niveau d'un HD100, le contraste intra-image est excellent. Selon Kevin Miller, le contraste du SP-A800B est légèrement meilleur que son prédécesseur, le SP-H710AE. L'image est très dynamique et très dense tout en conservant une très bonne lisibilité dans les noirs. Le contraste intra-image associé au gamma à 2.5 renforce la sensation de netteté procurant une image au rasoir sans pour autant que le réglage de netteté soit poussé (réglé à 0). En poussant le réglage de netteté, (réglage à l'origine dédié au NTSC) on distingue une dégradation de l'image. Il est donc nécessaire de garder la valeur de ce réglage à 0.
Luminosité
Le projecteur est équipé d'une lampe UHP de 300 Watt ce qui est supérieur de 100 Watt à un projecteur semi-pro Vidikron Vision™ Model 65 à titre de comparaison (le premier prix 1080p de la sous-marque de Planar). Sur une base de 2m40 et avec le projecteur situé à une distance de 5m d'un écran sans gain, la luminosité de l'écran a été mesurée à 35 cd/m2 soit environ 10fL en mode Theater. Cela peut sembler peu mais c'est beaucoup sur un projo calé sur un gamma à 2.5. En comparaison directe avec le moniteur BVM, il est clair que la luminance n'est pas la même. On est loin des 90 Cd/m2 du BVM. Néanmoins, en ne regardant uniquement l'image projetée du Samsung, l'image parait cohérente et ne manque pas de luminosité.
Notez que la position haute de la lampe permet d'afficher environ 2x plus de puissance lumineuse et permet aisément d'atteindre les 14fL sur 2m40 de base. Néanmoins cette position décolle trop les noirs et rend les scènes sombres trop lumineuses.
Uniformité
Concernant le shadding, c'est bien simple : il n'y en a pas. La mire de blanc est immaculée et totalement uniforme. Le chemin de lumière a été très bien pensé et il est de taille idéale (en rapport avec la longueur du projecteur). En effet, un bon chemin de lumière doit être assez long pour une bonne uniformité ce qui est le cas dans ce projecteur.
Par contre, il y a une légère fuite de lumière qui génère une très faible auréole de lumière à environ 50 cm autour de l'image projetée. Celle-ci n'a heureusement aucun incidence car elle n'est visible que sur une mire de noir et disparaît totalement dès la projection d'images. De surcroît elle est bien en dehors du cadre de l'image.
Bruit vidéo
Le bruit vidéo a été testé à l’aide de mires de gris de 0 à 30 IRE, le nez collé à l’écran. A 0 IRE, rien. A 10 IRE, on distingue des fourmillements. A 30 IRE, le bruit devient invisible à 50 cm de l’écran. Autant dire que c’est un excellent niveau de dithering sachant que c’est un des points faibles de la technologie DLP.
Sur les mires de moirage, on distingue de très légères perturbations en collant le nez à l’écrans mais elle deviennent totalement invisible à une distance de projection normale.
Cet excellent niveau de bruit est principalement dû au choix d’un panneau DMD DarkChip 2. Joe Kane, après avoir testé en détail les DarkChip 2, DarkChip 3 a arrêté son choix sur le premier, estimant que c’était le meilleur des deux concernant le niveau de bruit.
Joe Kane a récemment testé le DarkChip 4 (DC4) et d’après lui, il semble qu’il n’y ait pas de différence suffisamment notable pour l’intégrer dans son prochain projecteur.
Iris Dynamique
L'utilisation de l'Iris Dynamique est pour moi une hérésie - JVC a d'ailleurs fait une belle avancée dans le domaine en proposant un contraste natif sans iris dynamique. J'ai néanmoins fait quelques tests à l'aide de mes mires HD Mag d'iris dynamique ainsi que sur quelques extraits de films. Il en résulte que le blanc des scènes sombres change d'aspect. Ce n'est pas flagrant mais ce la fausse la colorimétrie. D'autre part, sur des changements de plan, bien que l'iris soit très discret, un oeil averti peut voir l'ouverture et la fermeture de celui-ci. Il est donc conseillé de le désactiver.
AEC
Les effets d’arc-en-ciel sont le principal défaut de la technologie mono-DLP. Le Samsung n’y fait pas exception mais il faut avouer que depuis quelques années, de gros progrès ont été fait dans le domaine afin de diminuer fortement les effets néfastes et la gène occasionnées par la roue chromatique. Si ces effets sont très visibles sur une mire de convergence, ils le sont beaucoup moins au cours du visionnage d’un film.
Fluidité et désentrelassement
Bien que je me sois attendu au pire pour un projecteur mono-DLP, les mires de fluidités passent très bien. Je n'ai pas noté de problème particulier à ce niveau là. Le mode 24p fonctionne impeccablement bien sur la HDX-X900 (23,976 ips). Sur la PS3, quelques légères saccades se sont faites ressentir en 60hz et 24p (lags dû entièrement au décodage software de la PS3, contrairement au traitement hardware de la SMP8635 de la HDX-X900). Les vidéos en 60 et 50hz se sont montrées particulièrement fluides sur la HDX-X900.
Lors d'une précédente démonstration du Samsung, j'ai eu l'occasion de tester le caméscope full HD Canon HV30 avec un journaliste bien connu de Caméra Magazine qui avait filmé ses vacances au Japon. Les images en 1080i (branché en HDMI directement depuis le caméscope) était d'une fluidité admirable qui nous a tous 2 impressionné et le désentrelassement ne se faisait absolument pas sentir.
Je n'ai malheureusement pas pu tester le désentrelassement DVD. Il semble que l'upscale 480i/p et 576i/p ne soit pas au meilleur niveau d'après nos confrères. Mais heureusement, le désentrelassement et l'upscale de source SD n'est est désormais pas très utile car la plupart des lecteurs DVD, tuners TNTHD, WebTV boxes et récepteurs satellite actuels disposent d'une fonction d'upscale. La moindre Set-Top box actuelle est équipée d'une puce vidéo très puissante comme la SMP8635 de mon boitier HDX-X900 qui a servi pour les test (puce qui équipe également la Freebox HD et les platines BluRay Sony, Panasonic et Pioneer sous sa forme SMP8634). Les fonctions internes d'upscale et de désentrelassement d'un projecteur sont donc aujourd'hui purement marketing et de mon point de vue dépassées. Il reste néanmoins quelques exceptions comme les décodeurs CANALSAT par exemple où il reste nécessaire d'utiliser un processing vidéo externe ou un démodulateur HD acheté séparément.
Ergonomie
Les menus du projecteur sont simples et ergonomiques. On accède facilement aux menus généraux.
Un menu d'information très pratique accessible facilement à l’aide de la télécommande permet de visualiser sur un seul écran le gamut sélectionné, l'espace couleur, la fréquence, ainsi que le dématriçage actif et beaucoup d'autres informations utiles concernant le signal d'entrée et les réglages sélectionnés.
La télécommande est rétro-éclairée et les touches sont bien placées. Bien qu'elle soit assez petite, la prise en main est bonne. Afin d'éviter les réflexions et de coller au design du projecteur, la couleur est noire mat.
Comparatif BVM face au Samsung.
Le moniteur et le Samsung étaient branchés en HD-SDI + convertisseur YCbCr. Gamut EBU. Dématriçage couleur ITU-R BT.709.
D'amblée, quand on voit l'image du moniteur de référence Sony BVM en action, on est frappé par l'extrême qualité de celui-ci. Jamais je n'ai vu meilleure image, tous diffuseurs confondus. Mais ce qui frappe ensuite c'est de voir que l'image du Samsung est parfaitement "raccord" avec le BVM! Les 2 images sont strictement identiques mis à part la luminance du BVM qui est supérieure (image de 24 pouces d’environ 90 Cd/m2). Mais en faisant quelque pas en avant dans la salle et que l'on ne visualise que l'image projetée, on s'immerge et on oublie totalement cette différence de luminance. L'image test projetée était un rush d'une nouvelle série TV française tournée en Varimax 23.976 sur 60hz (d'où d'ailleurs pas mal de problèmes de conversions et de flags). Dans ces images de rush la densité colorimétrique et le contraste intra-image m’ont réellement impressionnés. Lors d'une scène avec une jeune femme qui se baignait nue dans un lac, la texture de la peau du ventre humide de la jeune femme semblait sortir de l'écran tellement le détail du grain de la peau et les nuances de couleurs étaient justes! J'ai regardé plusieurs scènes de ces rushs et je ne m'en suis toujours pas remis!
Les forumeurs d'HCFR qui ont assisté à la démonstration du 25 août 2008 ont d'ailleurs pu voir quelques rush de cette série dans les mêmes conditions.
Calibration
A noté que pour l'achat de ce projecteur, la calibration sur site est offerte (s’il est distribué par Wysios). Il est bon de savoir également que chaque projecteur arrivant chez le distributeur Wysios est vérifié et calibré une première fois après une dizaine d'heures d'utilisation sur un écran Stewart Studiotek 130 après stabilisation de la lampe. C'est donc finalement 2 calibrations offertes pour l'achat du projecteur (sans compter la calibration effectuée en usine).
L'unanimité chez les professionnels de l'image
Le Samsung SP-A800B semble être très apprécié par les professionnels de l'image et en particulier à Hollywood, dans les studios de post-production (salles de contrôle qualité et salles d'étalonnage) et chez un certain nombre de réalisateurs américains et français. Un réalisateur français très connu est d'ailleur en train de l'utiliser pour son dernier film tourné à Paris - le projecteur équipe une salle mobile qui se déplace sur les lieux de tournage.
TESTS d'extraits vidéo
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Apocalypto
Blu-Ray - AVC - Gamut SMPTE-C - Matriçage couleur ITU-R BT.709
La scène de l'éclipse
J'aime beaucoup cette scène pour le détail et le contraste intra-image habituellement. J'ai eu l'habitude de le voir sur différents JVC HD1 et HD100 et je l'ai toujours trouvée magnifique, avec des couleurs très denses et je sais maintenant pourquoi : sur le Samsung, cette scène parait sombre, on distingue moins de chose que sur les JVC. Mais ce que j'avais oublié c'est que c'est une scène d'éclipse et c'est le juste choix du réalisateur que de renforcer le gamma pour donner une sensation de nuit! Mes points de référence sur cet extrait étaient donc faux jusqu'à ce que je voie le BVM en action et le Samsung calibré à 2.5 en gamma.
Concernant la profondeur de champ, elle est énorme! Dans la scène où l'on voit la foule apeurée, tout est d'une netteté affolante!
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Casino Royale
Blu-Ray - AVC - Gamut SMPTE-C - Matriçage couleur ITU-R BT.709
La scène de la grue.
J'ai toujours trouvé la colorimétrie de ce master bizarre. Et là, étrangement, elle parait plus juste.
Cette scène de la grue avec les cascades qui bouge beaucoup ne pose pas de problème particulier de fluidité en 24p.
La scène colorimétrique avec la grue, le ciel bleu et le sable sur les immeubles se tient bien. Tout est cohérent. Je n'ai pas perçu de dérive particulière ou une impression de couleur bizarre. Tout parait juste contrairement à toutes les fois ou j'ai vu cet extrait sur d'autres projecteurs.
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Le 5ème Element
Blu-Ray - AVC - Gamut EBU - Matriçage couleur ITU-R BT.709
La scène du réveil
J'ai dû visionner cet extrait une bonne centaine de fois et cela sur de très nombreux projecteur donc beaucoup de tritubes à l'époque sur le DVD Superbit Pal dont le transfert correspond assez à celui du Blu-Ray actuel (contrairement à la première version DVD qui était une catastrophe en terme de qualité). Et bien pour la première fois, j'ai eu la sensation de retrouver l'image tritube que j'avais vu tant de fois. Voilà enfin un projecteur capable de me faire ressentir la même sensation. On retrouve dans l'image la même pêche d'image, et cela certainement grâce au gamma à 2.5 fidèle au mastering réalisé sur BVM européen à phosphores EBU, lui aussi à 2.5.
Le contraste intra-image associé à la netteté permet de rendre presque palpable le moindre détail. Le léger bruit des arrières plans de cette scène filmée en intérieur est peu perceptible.
Les bras robots en images de synthèse qui reconstruisent le corps de Lilou paraissent moins artificiels que ce que j'avais l'habitude de voir.
Les cheveux de Lilou sont très vifs sans être trop saturés.
Quand Lilou se jette dans le vide, on voit très très loin. Chaque véhicule dans le contre-bas est visible et bien net et la profondeur de champs donne le vertige !
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Digital Vidéo Essentials Edition
Blu-Ray US - Gamut SMPTE-C - Matriçage couleur ITU-R BT.709
La scène du restaurant.
Cette scène, tout le monde la connaît. Dans le Blu-Ray de Joe Kane, on peut voir la différence entre une version masterisée en 1080p et une version scannée en 4k (comme c'est le cas des masters Blu-Ray Warner). Très peu de projecteurs permettent de voir la différence entre les 2 versions. Sur le Samsung, aucun doute est possible : la version 4k est plus détaillée, plus nuancée que son homologue masterisée en Full HD.
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Démo TPS HD Formule 1
Fichier .ts - MPEG2 - 1080i50hz - Gamut EBU - Matriçage couleur ITU-R BT.709
Cet extrait que j'ai eu l'occasion de montrer aux salons HCFR de Paris et de Toulouse il y a quelques années, sur le projecteur professionnel Full HD JVC HD10K depuis une platine HD Quartek, en avait déjà impressionné plus d'un de part sa grande qualité de captation vidéo haute définition et sa fluidité (50hz). Du fait qu'il soit entrelassé en 1080i peut poser parfois des problèmes à certains projecteurs. Sur le Samsung, le désentrelassement 1080i ne pose pas trop de problème. La qualité du désentrelassement 1080i est très correcte et on peut apercevoir uniquement que quelques rares flicking à l'arrière plan. Par contre le piqué sur cet extrait est exceptionnel pour du 1080i. Le détail sur les carrosseries et sur les gros plans des champions est tel qu'il a impressionné le coloriste du studio, présent dans la salle au moment du visionnage de cet extrait, qui manipule pourtant des masters HD à longueur de journée. On voit jusqu'au picots des pneus! Les couleurs très saturées des F1 passent sans problème en réglage gamut EBU (qui est je le rappelle quasiment identique au gamut HDTV REC-709 à la nuance près des coordonnées xyY de la primaire verte). Les rouges Ferrari sont bien rouges sans être trop saturés. Les visages ont une teinte très réaliste (vidéo filmée en plein jour et au soleil).
La fluidité est impressionnante et les mouvements impeccables, preuve que le processeur chinois interne est capable de faire du motion adaptative sans soucis sur le 1080i.
Les hautes lumières sont bien rendues. Ayant visionné cet extrait sur beaucoup de projecteurs, je ne me rappelle pas avoir vu de hautes lumières aussi bien retranscrites. Aucune impression de lumière brûlée. L'image est globalement très pèchue, et cela beaucoup plus que ce dont j'avais l'habitude de voir sur cette démo. Cette pêche et ces hautes lumières non brûlés sont très certainement dues au fort gamma à 2.5 que le Samsung arrive sans peine à tenir sans pour autant boucher les noirs. Notez que le réglage des niveaux de gris a été réglé en 16-255 conformément à la mire de grayscale de Joe Kane. Ce réglage y est probablement pour quelque chose dans le détail des hautes lumières de cet extrait.
Résultats de mesures
Conclusion
Le projecteur Samsung SP-A800B est sans aucun doute le projecteur référence du moment. La colorimétrie parfaite, conforme à l'image d'un moniteur Sony BVM, son respect total des normes, son piqué d'image, sa tenue du gamma à 2.5, son contraste intra-image permettent au projecteur de se hisser en haut du pavé des projecteurs Full HD, tous prix confondus jusqu'à 15 000€ voire plus.
Un projecteur de ce niveau là mérite une calibration professionnelle pour en tirer la quintessence, ce qui est justement proposé gracieusement par le distributeur Wysios. Cette approche professionnelle fait de ce projecteur une référence unique en son genre.
Un grand merci à Julien Berry, qui m'a permis d'accéder au Studio et qui a eu la gentillesse de me prêter son matériel de mesures professionnel et un grand merci à Christophe et Paul du studio pour leur accueil (le studio a également servi pour une démonstration du Samsung pour quelques membres privilégiés d’HCFR 4 jours après ce test).
Quelques liens de référence :
White paper
Plaquette de présentation
En résumé
Les plus :
- uniformité (pas de shading)
- piqué et définition
- justesse colorimétrique
- contraste intra-image
- respect total des normes vidéo
- système d'ajustement de couleurs CCA
(utilisé dans les projecteurs DLP de cinéma)
Les moins :
- pas de zoom/focus électrique
- pas de lens-shift horizontal
- pas de trigger 12V
- luminosité un peu faible pour des écrans de grande taille (plus de 3m)
Christophe Cherel.