En complément du OLED A1 qui a marqué les esprits en début d’année lors du CES, quelques mois après un ZD9 qui aura contribué à redorer l’image du fabricant japonais sur le segment premium, mais aussi, et surtout à servir de nouvelle base pour l’évolution des séries haut de gamme XE93 et XE94.
Après avoir introduit le système de local dimming Slim Backlight Drive sur la gamme 2016, la principale nouveauté cette année provient de l’intégration du processeur X1 Extreme, celui même qui équipe le ZD9, aux côtés des technologies Triluminos et X-tend Dynamic Range Pro. Le XE93 bénéficie donc des mêmes raffinements, puisque nous retrouvons les mécanismes HDR Remaster et Super Bit Mapping HDR, mais également le support des formats HDR10, HLG et Dolby Vision. À l’heure où nous écrivons ces lignes, la mise à jour Dolby Vision n’a toujours pas été déployée, le format HDR nécessitant au préalable le passage à Android 7.0, dont la mise à jour est prévue dans le courant de l’année 2017, sans plus de précisions pour l’instant de la part du fabricant.
Pour rappel, le Sony XE93 est décliné en modèles 55 pouces (KD-55XE9305) et 65 pouces (KD-65XE9305) aux prix publics indicatifs de 2 499 € et 3 599 €. Une déclinaison 75 pouces (Direct LED) est proposée sous la référence XE94 à partir de 6 499 €.
Sans grande surprise, les résultats en sortie de carton s'avèrent très corrects en mode Cinéma Pro pour une utilisation Blu-ray/DVD et streaming, tout comme le mode Cinéma que l'on privilégiera pour les chaînes TV. Comme nous allons le voir ci-dessous, les résultats sont assez proches de ceux relevés sur le XE90.
Comme souvent, et malgré un très bon DeltaE de 1,6 là ou nous attendons au minimum une valeur inférieure à 3, un gamma excellent à 2,38 et une température des couleurs relevée à 6602K (valeur référence : 6500K), une très légère dominante de bleu est visible dans les hautes lumières. La colorimétrie s'avère correcte avec un DeltaE couleur de 1,64, on remarque toutefois un léger décalage de la teinte sur le Vert, et de légers écarts sur certaines saturations.
Une fois quelques ajustements réalisés sur l'échelle de blancs, les résultats relevés en post-calibration sont excellents, et ce même si l'on regrettera toujours l'absence d'un CMS sur les téléviseurs de la marque. La température des couleurs atteint 6473K pour un DeltaE de 0,6 sur l'échelle de gris, tout en sachant que les valeurs inférieures à 1 ne sont plus discernables à l'oeil.
Le gamma affiche une moyenne de 2,38. Ces quelques ajustements permettent d'obtenir un léger mieux en matière de colorimétrie, avec un DeltaE couleur de 1,3 de moyenne, et des saturations relativement correctes jusqu'à 75%.
Calibration HDR Rec.2020 :
Malgré une couverture de 64,8% du gamut Rec.2020 qui reste légèrement en deçà des résultats escomptés, une valeur d'ailleurs identique au XE90, dans les faits cela n'a rien d'insurmontable, puisqu'aucun téléviseur n'est en mesure d'être calibré aujourd'hui à 75% de saturations. À l'opposé, les capacités du XE93 en matière de luminance impressionnent, sur une mire blanche HDR à 10 % nous relevons un pic lumineux culminant à 1750 cd/m² ! C'est un nouveau record, même si cette donnée peut naturellement légèrement fluctuer d'un modèle à l'autre.
L’échelle de gris affiche une très belle moyenne DeltaE, la courbe de gamma EOTF surmonte très légèrement la courbe référence, retoucher le contrastre de 1 ou 2 points devrait largement suffire à corriger cet écarts. Les saturations en mode Rec.2020 demeurent par contre perfectibles, on remarque d'ailleurs que le graphe est quasi-identique à celui du XE90, malgré tout, en se resituant à 50 % de saturations/luminance, les résultats sont très corrects mais encore en deçà du ZD9.
Contrairement au XE90, le téléviseur Sony XE93 est équipé du système de local dimming Slim Backlight Drive +, le tout associé aux technologies Triluminos (quantum dot) et X-tended Dynamic Range Pro. Nous retrouvons également les mécanismes Super Bit Mapping et HDR Remaster, et le processeur X1 Extreme hérité du ZD9.
En matière de traitement vidéo, le XE93 s’inscrit davantage dans le prolongement du ZD9 que du XD93. La qualité de mise à l'échelle UHD est excellente, assurément l’une des meilleures du circuit, tout particulièrement sur les sources HD ou le circuit de traitement vidéo délivre une superbe définition d’image, qu’il s’agisse aussi bien de films Blu-ray à l’instar du récent Deepwater, voire les sources en streaming avec les superbes panoramas de la série Marseille, le piqué d’image est excellent et la sensation de relief particulièrement appuyée. Mention spéciale d’ailleurs au Reality Creation dont l’apport reste toujours aussi indéniable et qui contribue à densifier l’image, en renforçant la netteté et le niveau de détails, mais avec toujours cette capacité à conserver en toutes circonstances une image au caractère naturel et authentique.
Le téléviseur propose divers mécanismes de post-traitement en complément, si les classiques filtres Netteté et Réduction du Bruit sont assez dispensables, l’intégration du X1 Extreme permet au téléviseur de bénéficier de la fonction Dégradé lissé, qui permet d'améliorer le niveau de gradation des sources 8 bits (Blu-ray, DVD, TNT) en effectuant un suréchantillonage des couleurs.
Dans le même esprit, le XE93 offre un très bon désentrelacement sur les chaînes HD de la TNT et du Satellite, en revanche aucun miracle sur les sources plus compressées. La qualité d’image demeure très bonne sur les programmes en HD native, la qualité reste toutefois en retrait sur les programmes en SD (ou SD upscalée). Le résultat est plus convaincant sur DVD, du moins sur les pressages de qualité, attention cependant au processing, qui peut avoir tendance à renforcer les artefacts de compression.
Sony généralise également cette année le HDR Remaster sur une large partie de sa gamme, ce mécanisme consiste à proposer une conversion des images SDR en HDR. Après analyse des différentes zones de l'image, celui-ci s'appuie sur une base de données afin de créer une image HDR la plus réaliste possible. L'idée de départ vient d'une bonne intention, mais ce type de mécanisme n'en reste pas moins superflu, comme cela pouvait déjà être le cas pour les mécanismes de conversion d’une image 2D en 3D. Une image SDR répond à des normes différentes du HDR (luminance, gamut, gamma...), dans le même esprit d’ailleurs, l’activation du X-tended Dynamic Range en SDR est à proscrire...
Au regard des bons résultats procurés par le XE90, nous attendions de pied ferme de voir le XE93, et le moins que l’on puisse, pour reprendre une célèbre expression populaire, c’est que nous n’avons pas été déçus du voyage.La qualité d’image HDR procurée par le Sony XE93 dépasse allègrement les résultats de son prédécesseur le XD93. La parallèle semblait de prime abord un poil exagérée, mais nous tenons clairement là un « petit » ZD9.
Comme à notre habitude, le téléviseur Sony a été associé aux lecteurs Blu-ray 4K Oppo UDP-203 et Panasonic DMP-UB700 pour les tests sur support Ultra HD Blu-ray, et le lecteur multimédia Zappiti Duo 4K HDR. S’il n’impressionne pas tant sur l’aspect colorimétrie, comme nous l’évoquions plus haut nous restons sur une base identique aux modèles de série XD, le XE93 creuse davantage l’écart de luminance est en revanche indiscutable, la puissance du pic lumineux HDR égale voire dépasse même très légèrement le ZD9 avec plus de 1500 nits !
L’amélioration du local dimming, comme nous allons le voir plus tard, tout comme le processeur X1 Extreme contribuent tout deux également à donner un superbe relief aux images HDR. Le contraste reste naturellement plus limité que le ZD9 et ses 646 zones, ou les 512 zones des Panasonic DX900 et TCL X1, mais en s’appuyant sur une base équivalente, c’est incontestablement la plus belle image HDR vue à ce jour sur un téléviseur Edge LED, c’est particulièrement notable sur certains pressages UHD Blu-ray tels que Pacific Rim et Jupiter Ascending, deux films dont la majeure partie des scènes se déroulent en intérieur ou de nuit, tout comme la série Jessica Jones, dans un registre différent.
Introduit l’an dernier sur les XD93/XD94, le Slim Backlight avait prouvé son efficacité, les résultats en matière d’uniformité nous avaient toutefois quelque peu laissé sceptiques en HDR, un passif vite oublié au regard de la performance du XE93, ce que laissait d’ailleurs déjà en partie présager le XE90.
L’uniformité de la dalle est irréprochable, les mires ne laissent apparaître aucun banding ni d’effet écran sale (DSE), et le blooming assez discret, plus d’ailleurs que le XE90, en raison d’un local dimming qui bénéficie à la fois d’un nombre de zones plus élevé (environ 72), mais également une meilleure réactivité. L’homogénéité du rétroéclairage est très bonne sur l’ensemble de l’écran à l’exception des angles, un fait relativement courant et nullement gênant ni rédhibitoire en pleine séance, le phénomène est en revanche plus visible en HDR pour l'oeil averti.
Le contraste intra-image (ANSI) atteint pas moins de 5340:1 en mode local dimming Moyen, avec un point blanc à 117 cd/m² et un noir mesuré à 0,02 cd/m². Ce qui confirme non seulement la capacité du XE93 à délivrer une image très contrastée, mais également l’évolution substantielle en comparaison du XD93, qui flirtait pour rappel avec les 3000:1. Nous revenons donc aux valeurs auxquelles nous avait habitué le fabricant sur les X93C et X93B, voilà une excellence nouvelle. Les angles de vision sont cependant très limités, une fois écarté de l'axe, le contraste perçu chute en flèche, laissant apparaître du même coup les limites inhérentes aux dalles VA.
Le Sony KD-55XE93 offre une belle fluidité d'image, quels que soient le taux de trame et le type de contenu. Le mode Cinéma donne de très bons résultats sur les films, le mode Standard est à préférer sur les chaînes TV et les programmes sportifs.
Nous retrouvons le mécanisme BFI, qui consiste à insérer une image noire entre chaque image, toutefois, en fonction des réglages appliqués, quelques ajustements seront nécessaires. En mode Expert, en poussant le curseur Clarté au maximum, la luminosité doit être rehaussée. Quant au réglage Fluidité, une valeur élevée procure une meilleure fluidité, mais induit également un effet « caméscope » prononcé, tandis qu'une valeur basse procure davantage de précision.
Là encore, le XE93 prouve ses excellentes prédispositions pour une utilisation gaming. La rémanence est excellente avec un temps de réponse de 15 ms sur notre modèle de test, et un input lag allant de correct en 1080p/60 (42 ms) à excellent en 4K/60 SDR ou HDR (25 ms), se rapprochant ainsi des Samsung KS7000 et KS8000.
La qualité d'image HDR procurée en mode Jeu est d'ailleurs excellente, l'expérience reste variable en fonction des jeux (comme pour les films d'ailleurs), mais l'apport est indéniable sur certains titres comme Gears of War 4, Uncharted 4 ou le plus récent Final Fantasy XV.
Aucun changement ou peu de ce côté-là, Sony reconduit à nouveau le design Ethos sur une large partie de sa gamme. Le téléviseur arbore des lignes épurées et élégantes, avec un cadre fin de seulement 15 mm d'épaisseur, un bezel en aluminium de 8 mm surmonté du logo de la marque (rétroéclairé), et un châssis d'une profondeur de 30 mm. Les seuls changements notables interviennent justement au niveau châssis arrière, qui reprend à la fois les motifs du ZD9, mais aussi des caches plastiques servant à recouvrir les deux panneaux de connectique, et une plaque centrale pour le passage des câbles.
La qualité de fabrication est excellente, la rigidité du cadre excellente lorsque le téléviseur est manipulé (aucune torsion de la dalle ni de craquement), et l’épaisseur des parties en plastiques inspire confiance. L’ensemble repose sur un pied central en métal recouvert d’une fine plaque en finition aluminium brossé, solide et parfaitement ancré au sol.
Tout comme le XE90 plus tôt, le XE9305 propose une connectique relativement standard, nous retrouvons ainsi quatre entrées HDMI, dont deux entrées HDMI 2.0a compatibles HDCP 2.2 pour la liaison à un lecteur UHD Blu-ray 4K ou un lecteur multimédia 4K HDR (HDMI 2 et HDMI 3), ainsi qu'une sortie Composante, une sortie Péritel, une sortie optique, une sortie analogique RCA, une sortie Subwoofer pour brancher un caisson de graves sans fil SWF-BR100 (en option), une sortie casque, trois ports USB dont un port USB 3.0, un port CI+ et une prise Ethernet. Une ou deux prises HDMI 2.0a n’auraient assurément pas été de trop...
Pas de changement non plus du côté des connectivités sans fil avec la présence de modules WiFi 802.11ac, Wi-Fi Direct, Bluetooth LE et NFC. Le téléviseur est également équipé d'un double tuner TNT, Câble et Satellite (DVB-T2/C/S2) avec fonction PVR.
La télécommande fournie avec le 65XE90 reste identique au modèle inauguré l'an dernier, si le facteur de forme reste dans la lignée des traditionnelles télécommandes livrées avec les téléviseurs Sony depuis de longues années, les touches (incrustées) prennent désormais une forme plus arrondie et affinée. La prise en main de cette version, sans rien révolutionner, s'avère d'ailleurs très agréable.
La disposition des touches permet d'accéder aux principales fonctions, on retrouve ainsi un bouton Action Menu pour ouvrir le menu des réglages, un bouton TV pour définir un raccourci HDMI, une touche Home qui permet d'accéder au menu d'accueil Android TV, et des touches d'accès direct aux services Google Play store et Netflix.
Le téléviseur est également livré avec une alimentation externe, et deux cordons secteurs.
3 . Interface Smart TV, multimédia et réseau
Deux ans après la généralisation d'Android TV, et un certain nombre de complications liés à l'absence de certaines fonctions, quelques bugs récalcitrants ou encore des mises à jour qui tardent à être déployées, l'OS semble, lentement mais sûrement, gagner en maturité.
En matière d'esthétique et d'ergonomie, l'attrait d'Android TV reste indéniable. La page d'accueil est scindée en plusieurs parties : un bandeau principal pour la recommandation des contenus (vidéos, applications, musique), une sélection d'applications Sony Select, les entrées vidéo disponibles, tandis que les trois derniers champs correspondent aux applications téléchargées et aux réglages. L'interface est bien pensé, la prise en main est immédiate, et la navigation plus fluide. Les bugs sont également bien moins fréquents, certaines applications peuvent parfois donner un peu de fil à retordre, et un léger temps de latence reste toujours notable lors de la navigation, mais dans l'ensemble, le résultat est convaincant.
L'offre d'applications a agréablement évoluée au fil des mois, ainsi outre les classiques comme Netflix (4K HDR), France tv Pluzz, ARTE, France 24, Gulli, Youtube, Dailymotion, TED, Spotify, TuneIn Radio, ES File Explorer, etc., nous retrouvons désormais Amazon Video (4K HDR) et MyCanal, sans compter OCS et Molotov TV qui ne devraient plus tarder. Quelques jeux jouables à la télécommande ou à l'aide d'une manette (Dual Shock 4) sont également disponibles, ainsi que les incontournables applications multimédias Archos Player, Kodi, MX Player, Plex, SPMC et VLC pour la lecture des médias en USB et uPnP (DLNA).
Le décodage des vidéos 1080p et UHD 2160p encodées en MPEG-4/AVC, HEVC et VP9 s'effectue sans encombre, et le passthrough audio est bien fonctionnel sur les pistes Dolby Digital et DTS, en revanche malgré la bonne prise en charge des sous-titres et les pistes audio multiples par le lecteur vidéo interne, même si de façon finalement peu pratique, seules les applications externes comme Kodi, SPMC, etc. offrent une véritable gestion des chapitres.
Un an après un XD93 en demie-teinte, en capitalisant sur les avancées techniques du ZD9, et plus particulièrement le nouveau processeur de traitement vidéo X1 Extreme associé à une version remaniée du système de rétroéclairage Slim Backlight Drive, le fabricant japonais s'inscrit avec le Sony XE93 dans la parfaite continuité des X93C (2015) et X93B (2014) avec une image naturelle, dynamique et très contrastée, aussi bien sur les sources HD que les sources 4K HDR. Une composante 4K HDR qui impressionne par ailleurs, en raison d'un pic lumineux particulièrement puissant, mais également un input lag excellent pour les amateurs de jeux HDR. L'un des meilleurs TV Edge LED de sa génération, tout simplemnt.
À l'exception d'un léger blooming, et constante des dalles VA, des angles de vision toujours très étroits, le XE93 ne souffre d'aucun défaut particulier ou rédhibitoire. On pourra toujours pester contre certains défauts inhérents à l'interface Android TV, ou l'absence d'un vrai CMS comme sur la gamme de vidéoprojecteurs Home-cinéma du fabricant, sans compter la disparition de la 3D qui reste désormais réservée au ZD9, sur le fond néanmoins, force est de reconnaître que le XE93 vise juste.
Le Sony XE93 confirme l'excellence du nouveau cru 2017. En considérant l'excellence des performances en matière d'image HD et 4K HDR, et son évolutivité avec le support des trois formats HDR (Dolby Vision, HDR10, HLG), le XE93 constitue un rapport qualité/prix redoutable sur le segment haut de gamme.