Seulement quelques mois après l’excellent DAC/Ampli casque HA-1, sans oublier les casques PM-1 & PM-2, OPPO tente un nouveau pari en visant le marché des DAC nomades avec l’OPPO HA-2, tout en élargissant par la même occasion sa gamme de casques audio avec le PM-3. Voici mes impressions.
Protocole de test :
D’un point de vue esthétique et ergonomique, l’OPPO HA-2 est un appareil tout aussi agréable à l’œil que facile à prendre en main. Le revêtement en cuir qui recouvre une large partie du châssis lui confère un côté très élégant, tout en ayant l’avantage d’éviter d’éventuelles micro-rayures. Concrètement, le facteur de forme correspond plus ou moins à celui d’un smartphone 5 pouces, ce qui est d’autant plus pratique pour un usage nomade, il tient sans aucun problème à l’arrière d’une poche de jean ou la poche intérieure d’une veste. Nous avons donc entre les mains un appareil séduisant, léger, mais également bien charpenté. Son châssis en aluminium relativement costaud, et l’absence de jeu au niveau des touches en attestent. De la belle facture, nous n’en attendions pas moins.
L’essentiel de la connectique et des touches est centralisé sur la tranche supérieure, qui accueille un potentiomètre – de bonne qualité –, une entrée/sortie ligne en mini-jack 3.5 mm, une sortie casque mini-jack 3.5 mm. Juste en dessous, on retrouve une entrée micro-USB B et une entrée USB A, la première permet de raccorder un smartphone ou une tablette Android, tandis que la seconde est dédiée aux iDevices et PC/Mac, ainsi qu’un switch pour basculer d’une entrée à l’autre. Petite parenthèse, pour associer correctement le HA-2 à un appareil Android, vérifier bien la compatibilité OTG et AOA 2.0 de votre smartphone ou tablette. Il reste possible de contourner ce prérequis en passant par USB Audio Player Pro, en vérifiant là aussi au préalable que votre appareil est bien supporté par l’application. Pour les autres, il restera toujours possible d’utiliser la HA-2 comme amplificateur de casque. Enfin, le flanc droit accueille une touche Bass Boost, une seconde pour vérifier le niveau de charge de la batterie sous forme de petites LED, et un sélecteur de gain.
Pour ce qui est de l’intérieur, il m’a été malheureusement impossible de démonter l’appareil pour vérifier plus en détail les composants intégrés, mais vous pouvez tout de même voir une photo de sa carte électronique globale. Comme indiqué au moment de l’annonce à l’hiver dernier, l’OPPO HA-2 est le premier appareil basé sur le DAC ESS Sabre32 ES9018-K2M, une puce capable de travailler jusqu’en 384 kHz/24 bits sur les flux PCM, tout en assurant la prise en charge du DSD 64/128/256 (DoP ou natif). Et dire que cela paraissait encore impensable il y a encore quelques années sur de si petits appareils ! On peut également apercevoir une interface USB XMOS, l’une des meilleures actuellement. OPPO indique également avoir porté son choix sur un module d’amplification Classe AB avec transistors discrets, il atteint une puissance de 2 x 220 mW sous 32 ohms, on descend à 2 x 30 mW en charge 300 ohms. Cela semble tout de même un poil faiblard …
Comme tout appareil du genre, le HA-2 est pourvu d’une batterie au lithium de 3000 mAh, les chiffres communiqués par le fabricant sont à peu près dans la moyenne, il est question de 13 heures d’utilisation depuis l’entrée ligne, et environ 7 heures via USB. OPPO met également en avant sa technologie de charge rapide VOOC, s’il faut compter environ 1h30 pour une charge complète, la batterie peut être rechargée à 70 % de sa capacité en 30 minutes. Enfin, le DAC peut également être utilisé comme chargeur mobile, cela peut toujours rendre service en cas d’urgence.
Le DAC est livré dans packaging élégant, comme souvent chez OPPO, avec tout le nécessaire pour son utilisation : une paire d’élastiques pour sangler l’appareil à son smartphone, un câble micro-USB vers micro-USB, un câble Lightning, un câble 30 pin, et un chargeur.
Caractéristiques techniques Oppo HA-2 :
Pour accompagner son HA-2, Oppo propose un nouveau modèle au sein de sa gamme de casques audio : le PM-3. Contrairement à la conception ouverte des PM-1 et PM-2, Oppo opte cette fois pour un casque supra-aural de type fermé ; un cheminement parfaitement logique dans le cadre d’un usage nomade, afin d’améliorer l’isolation. Il n’en reste pas moins équipé de transducteurs orthoplanar – à ma connaissance, il s’agit d’ailleurs du premier casque de ce type à un tel niveau de prix – composés d’une membrane à 7 couches, tandis que le diaphragme repose sur une bobine à spirale double-face en aluminium.
S’il n’ y a évidemment aucune comparaison possible avec les PM-1/2, esthétiquement le PM-3 n’en reste pas moins un casque particulièrement élégant, agréable à porter, et bien construit : arceau et charnières en métal, finition cuir, coussinets avec rembourrage en peluche… Il a également l’avantage d’être relativement léger, sans être non plus un poids plume (320 g). Il est accompagné d’une housse de transport et deux câbles jack 3.5 mm : un câble principal de 3 m avec adaptateur jack 3.5/6.35 mm, un câble 1,2 m avec télécommande et micro pour iDevices, appareils Android et Windows.
Caractéristiques techniques Oppo PM-3 :
Même si les fabricants de smartphones et tablettes consentent davantage à soigne les chipsets audio intégrés à certains de leurs modèles milieu ou haut de gamme, une remarque tout aussi valable pour les récents chipsets ALC de Realtek sur PC (desktop), parfois même de manière étonnante sur certaines cartes mères – en particulier les CM à base de chipsets Z9x chez ASRock et Asus –, il n’en reste pas moins que dans la majorité des cas, ceux qui souhaitent aller plus loin songent toujours à la solution DAC externe, tandis que d’autres s’orienteront davantage vers un amplificateur de casque.
Il y a un an, une fois passé l’effet de surprise, l’arrivée du DAC/Ampli casque Oppo HA-1 avait quelque chose de profondément légitime, les résultats sont d’ailleurs là pour le prouver. L’annonce du Oppo HA-2 fut en revanche bien plus surprenante, non que le fabricant soit illégitime sur ce marché – surtout en considération de sa branche smartphones – , mais réussir à se faire une place sur le créneau des DAC nomades est un challenge particulièrement corsé. Le nombre de références et de marques présentes est tout bonnement ahurissant, bien plus encore que les DAC sédentaires à moins de 500 euros ; autant dire un exploit en soi.
Malgré le fait qu’Oppo nous ait habitués à de belles surprises, je me demandais donc ce que concrètement le HA-2 pouvait apporter en comparaison de ses très nombreux concurrents, en particulier sur le plan des performances. Plus qu’un bel objet, l’Oppo HA-2 possède surtout le mérite d’être un DAC facile à vivre au quotidien, il est d’ailleurs devenu l’un de mes compagnons favoris. En comparaison des autres solutions que j’utilisais jusque-là, tout particulièrement le Denon DA-10 dont je me suis attaché les services depuis quelques mois déjà, objectivement l’écart demeure limité, si ce n’est l’approche en matière de musicalité.
Je ne m’en suis jamais caché, mais je n’ai jamais été particulièrement très friand des DAC Sabre pour leur côté montant, pourtant, force est de reconnaître que comme le HA-1, cette spécificité se retrouve agréablement contrebalancée par l’amplification qui apporte une touche de douceur bienvenue ; je dis bien en partie seulement, le HA-2 opte pour un module hybride Classe AB et non du Classe A, nous ne sommes absolument pas dans la même catégorie de produit.
Autrement dit, attention aux mauvaises surprises avec les casques transparents ou un peu mordants… Au cours de mes essais j’ai tour à tour associé le DAC à des casques Audio-Technica, Magnat ou encore Aëdle, pour autant je n’en suis pas moins toujours revenu au PM-3 pour une raison précise : sa complémentarité. Cette légère douceur apportée par le casque sur le haut du spectre tempère agréablement les quelques hardeurs de la puce Sabre.
Par la force des choses, la fonction Bass Boost permet de lisser davantage le haut du spectre en donnant un côté plus rond au grave et médium/bas-médium, je trouve d’ailleurs le nom particulièrement mal choisi, puisque dans les faits nous avons davantage affaire à un mécanisme proche d’un filtre Slow roll-off – comme sur le Fostex HP-A4 par exemple – qu’un vulgaire « booster de basses » comme le laisse entendre l’appellation, avec une bosse de +5 dB à 40 kHz . Dans un cas comme dans l’autre, son activation ou pas reste avant tout une histoire de goût comme toujours, personnellement je préfère le laisser en position « off » de manière à conserver un certain naturel.
Le registre médium est quant à lui très bien charpenté, il offre beaucoup de corps aux vocales et affiche à une belle propension à conserver le naturel de chaque grain, à l’instar de la superbe douceur du Sleepessly dream de la jeune et déjà talentueuse folkeuse Flo Morissey, aux voix plus imposantes, à l’instar de la diva Joyce DiDonato (Pucini Stella Di Napoli) ou le timbre sublime et frissonnant de Nina Simone sur I put a spell on you. Les écoutes deviennent un vrai régal une fois le PM-3 vissé sur les oreilles, loin d’être un casque particulièrement analytique, il apporte beaucoup de rondeurs aux médiums, ou tout du moins juste ce qu’il faut.
Dans les deux cas, en matière de grave l’approche d’Oppo reste plutôt rectiligne ; le registre grave est tendu, profond, et particulièrement texturé, en revanche, il a parfois tendance à un peu manquer de vivacité. Cette petite lenteur toute relative, permet en revanche au HA-2 comme au PM-3, de maintenir une excellente séparation entre le grave, l’aigu et le médium. Pour un amateur de jazz, folk et blues comme moi, c’est d’ailleurs ce qui fait que le duo me soit devenu aussi indispensable lors de mes déplacements.
Pour un DAC positionné à moins de 300 euros, même s’il existe aujourd’hui de très belles valeurs sûres, j’étais très loin de m’attendre à une telle musicalité et à autant de fluidité. Ce HA-2 affiche un caractère vivant et particulièrement enjoué sur les partitions rythmées, à l’instar du son bluesy de Seasick Steve sur le savoureux Dog Gonna Play. Il met également en exergue un son spacieux, et une profondeur de scène étonnamment riche. Associé au casque Oppo, je m’attendais comme pour la plupart des modèles fermés, à une restitution qui donne un caractère certes plus intimiste, mais une image sonore qui manque de relief, pourtant sans non plus atteindre un PM-1/PM-2 – une question de logique –, il s’en sort avec les honneurs. Le PM-3 est plus doué pour dégager un sentiment de proximité, par moments troublants, comme sur le Lonely House de Leyla McCalla ou l’on jurerait être soi-même dans le studio d’enregistrement aux côtés de la chanteuse, et du banjo de Don Vappie. Frissonnant.
Je terminais enfin par l’amplification, dans l’ensemble plutôt solide. Pour un usage nomade, le HA-2 dispose d’une réserve de puissance amplement suffisante, que ce soit pour alimenter une paire d’intras de faible impédance ou un casque de 32 à 64 ohms il se montre amplement à la hauteur de la tâche. Le bilan est identique avec le PM-3 (ou le PM-1/PM-2). Au moment où je vous propose ce banc d’essai, je n’ai pas sous la main de casque supérieur à 100 ohms, néanmoins, quelques utilisateurs semblent indiquer qu’il parvient à alimenter certaines références réputées pour leur gourmandise, à l’image du Sennheiser HD650 ou du HiFiMan HE-500, sans avoir à pousser le potentiomètre dans ses retranchements. Que lui demander de plus ?
Le duo Oppo HA-2 & PM-3 m’a réellement séduit, d’ailleurs plus que je ne l’imaginais tant le pari de proposer un DAC/Ampli casque sur marché déjà saturé semblait périlleux. La magie opère, et comme à chaque fois, Oppo se retrouve à réussir là où ne l’attendait pas avec un DAC proposant une musicalité superbe, des fonctionnalités intéressantes, une réserve de puissance honnête, et pour couronner le tout un bon rapport qualité/prix. Si je devais lui trouver quelques défauts, je pointerais essentiellement cette petite brillance sur le haut du spectre – facilement compensable –, un léger manque de punch sur le bas du spectre, et l’absence d’indicateur d’échantillonnage. Ce Oppo HA-2 est une vraie bonne surprise, et un appareil véritablement attachant.
Ce que j’ai aimé avec l’OPPO HA-2 :
Ce que je regrette avec l’OPPO HA-2 :